Publié le 11/04/2025
En octobre, la France se pare de rose pour Octobre Rose, un mois dédié à la sensibilisation et au dépistage du cancer du sein. Ce rendez-vous annuel est un temps fort pour les acteurs de la santé, les associations et les patients, permettant d’échanger et de diffuser des messages essentiels sur la prévention et l’accompagnement des malades. La communication en santé joue alors un rôle central pour informer et mobiliser le grand public.
Au cours de l’épisode d’Effivox, la voix de la Com’ Santé d’octobre 2024, Julia Molkhou et Lucile Manteau, directrice médicale de l’agence Effiscience, ont reçu Quitterie Brézillon, directrice de la communication de l’association RoseUp. Un échange passionnant qui met en lumière les enjeux de la communication santé en période de marronniers comme Octobre Rose.
Rose Up, une association au service des femmes touchées par le cancer
Créée en 2011 par deux femmes ayant été confrontées au cancer, l’association RoseUp s’est donnée pour mission d’accompagner les patientes à travers trois piliers fondamentaux : l’information, l’accompagnement et le plaidoyer.
Quitterie Brézillon rappelle que RoseUp a débuté avec Rose magazine, un féminin gratuit tiré à 180 000 exemplaires deux fois par an : « C’est le premier féminin gratuit de société à destination des femmes touchées par tout type de cancer, avec des rubriques santé, beauté, nutrition et des enquêtes spécifiques ». Ce magazine a servi de fondement à une communauté qui, aujourd’hui, rassemble plus de 73 000 personnes sur les réseaux sociaux.
En plus de l’information, l’association met en place des actions concrètes pour accompagner les patientes. « Nous avons deux Maisons RoseUp, à Paris et Bordeaux, ainsi qu’une Maison en ligne pour offrir des soins de support aux femmes touchées par la maladie », explique Quitterie Brézillon. Ces Maisons proposent des ateliers variés allant de la gestion des effets secondaires à la nutrition, en passant par l’activité physique adaptée et le bien-être.
Enfin, RoseUp se bat pour les droits des patientes. « Nous sommes agréés par le ministère de la Santé et nous menons des combats, comme celui du droit à l’oubli, pour que les femmes ayant traversé un cancer puissent continuer leur vie sans discrimination », souligne-t-elle.
Octobre Rose, un mois important en communication médicale
Octobre Rose s’inscrit dans une répétition qu’on appelle les marronniers, qui sont les temps forts récurrents permettant d’ancrer des messages dans l’esprit du public. « On parle souvent d’Octobre Rose, mais il y a aussi Mars Bleu pour le cancer colorectal, Movember pour la santé masculine… Ces événements permettent aux acteurs de santé de se positionner et de sensibiliser davantage », rappelle Lucile Manteau.
Pour Rose Up, cette période est une opportunité d’émerger médiatiquement et de sensibiliser un plus grand nombre. « Octobre Rose, c’est tous les jours chez RoseUp, mais ce mois nous permet d’être plus visibles et d’attirer l’attention sur des problématiques clés », souligne Quitterie Brézillon. Il ne s’agit pas uniquement de prévention, mais aussi d’accompagnement et de plaidoyer pour améliorer la prise en charge des patientes.
L’un des enjeux majeurs est de s’adresser non seulement aux patientes, mais aussi à leurs proches et aux professionnels de santé. « Nous devons adapter notre discours à chaque public pour maximiser l’impact de nos campagnes de communication », explique Lucile Manteau. Une approche qui permet d’assurer une meilleure compréhension et appropriation des messages.
L’importance d’une communication adaptée et engageante
Au-delà des campagnes de sensibilisation, il est essentiel de donner la parole aux patientes et aux associations qui les accompagnent. Quitterie Brézillon insiste sur le besoin d’informations accessibles et compréhensibles pour les femmes touchées par le cancer : « Les patientes ont surtout besoin d’être informées pour être rassurées, notamment face à la complexité des traitements et des effets secondaires ».
La maladie est un parcours souvent solitaire, et la communication peut aider à briser cet isolement. « Tout d’un coup, du jour au lendemain, on se retrouve dans une situation inconnue où notre corps change, où nos repères s’effondrent », témoigne Quitterie Brézillon. Les espaces d’échange, comme les Maisons RoseUp, permettent aux femmes de partager leurs expériences et de trouver du soutien auprès d’autres patientes.
Par ailleurs, l’impact de la communication santé se mesure aussi à sa capacité à rendre accessibles des sujets complexes. Lucile Manteau explique : « Nous devons utiliser des mots adaptés pour parler aux patientes, aux soignants et aux aidants, afin de créer une communication qui rassemble plutôt que de segmenter ». Une approche inclusive qui vise à faciliter le dialogue et l’accompagnement des personnes concernées.
Une communication qui évolue vers plus d’accompagnement
Si la prévention reste une priorité, la prise en compte des besoins des patientes pendant et après la maladie est un axe de plus en plus développé. « Il y a 13 ans, quand RoseUp a été créée, il n’existait que très peu d’initiatives pour accompagner les femmes dans leur quotidien », rappelle Quitterie Brézillon. Aujourd’hui, les choses évoluent, et les associations jouent un rôle clé pour offrir des ressources et un soutien adapté.
Les Maisons RoseUp ont permis d’identifier quatre impacts majeurs pour les patientes :
- une amélioration de leur bien-être,
- une réduction de l’isolement,
- une meilleure compréhension de leurs droits,
- une aide au retour à l’emploi.
Quitterie Brézillon précise : « 96% des femmes que nous accompagnons se considèrent comme des femmes avant d’être des patientes. C’est un chiffre fort qui montre l’importance de notre action ».
Dans un monde où la communication en santé devient de plus en plus digitale et interactive, les acteurs du secteur doivent continuer à innover pour toucher les publics concernés de manière efficace et bienveillante. Comme le souligne Lucile Manteau : « Notre rôle, c’est de fournir des outils et des clés pour que les patientes, leurs proches et les soignants puissent mieux se comprendre et avancer ensemble ».
Octobre Rose est bien plus qu’un simple mois de sensibilisation : c’est un moment clé pour repenser la communication médicale et mettre en lumière les enjeux du cancer du sein. L’exemple de RoseUp illustre parfaitement comment une communication bien pensée peut à la fois informer, accompagner et défendre les droits des patientes.
En tant qu’acteurs de la communication en santé, il est essentiel de s’appuyer sur ces temps forts pour diffuser des messages impactants et favoriser une meilleure prise en charge des malades. Car au-delà d’Octobre Rose, la lutte contre le cancer se joue chaque jour, et chaque mot compte pour aider celles (et ceux) qui en ont besoin.
Pour découvrir l’interview dans son intégralité : accédez ici à l’épisode N°9 du podcast Effivox, La Voix de la Com’ Santé.