Publié le 30/06/2025
À l’heure où les déserts médicaux s’étendent et où la défiance envers l’information santé gagne du terrain, les pharmaciens d’officine jouent un rôle de plus en plus central. Plus qu’un simple dispensateur de médicaments, il devient un véritable acteur de premier recours, à la fois accessible, formé, et engagé dans les missions de prévention et d’accompagnement thérapeutique. C’est ce que révèle avec clarté et conviction Patrick Fournet, pharmacien expérimenté installé à Paris, dans un épisode du podcast Effivox, la Voix de la Com’ Santé, animé par Julia Molkhou aux côtés de Lucile Manteau, directrice médicale d’Effiscience.
Au fil de l’échange, Patrick Fournet, riche d’une carrière de plus de 20 ans, livre une vision actuelle et prospective de son métier, qui éclaire les enjeux croissants de communication auprès de ces professionnels de santé de proximité.
Une transformation profonde du métier de pharmacien
La profession de pharmacien a profondément évolué depuis les années 90, passant d’un rôle centré sur la délivrance discrète des prescriptions à un exercice beaucoup plus ouvert sur le conseil et l’accompagnement. « On est passé de la préparation magistrale […] à la mise en avant de l’OTC et puis des conseils pharmaceutiques », résume Patrick Fournet. Le tournant a notamment été amorcé avec l’introduction du droit de substitution, perçu comme une reconnaissance institutionnelle de la compétence du pharmacien : « Ça a surtout persuadé les pouvoirs publics qu’on était capables, nous, pharmaciens, de répondre présents lors de grandes campagnes de santé publique ».
Aujourd’hui, cette évolution se poursuit avec des missions de prescription pharmaceutique élargies, comme la dispensation de traitements sans ordonnance dans certains cas, ou encore la vaccination, les tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) et les entretiens thérapeutiques. « Avant, il y avait l’ordonnance médicale, c’était ça le graal. […] Maintenant, les patients peuvent arriver pour traiter certaines choses, ça nécessite de se former régulièrement », insiste-t-il.
Un acteur clé face aux enjeux de l’information en santé
Au cœur des territoires, le pharmacien d’officine est devenu l’un des premiers points de contact pour les patients. Cette accessibilité, renforcée par l’absence de rendez-vous et une présence garantie dans chaque pharmacie ouverte, en fait un professionnel de santé de premier recours, notamment dans les zones touchées par la désertification médicale. À ce rôle central s’ajoute une mission devenue essentielle : garantir une information fiable et compréhensible face à la prolifération de contenus contradictoires sur Internet. Chaque jour, les pharmaciens doivent répondre à des questions souvent influencées par des sources douteuses, parfois anxiogènes. Grâce à leur formation scientifique et à leur connaissance des produits de santé, ils offrent une parole crédible, structurée et pédagogique. En informant sans dramatiser, en corrigeant sans juger, le pharmacien joue un rôle essentiel dans la réassurance du patient, dans le bon usage des traitements et dans la prévention des dérives. Cette posture contribue directement à l’amélioration de la santé publique et souligne la nécessité d’outiller davantage ces professionnels dans leurs échanges quotidiens au comptoir.
Un métier en pleine expansion
Le pharmacien s’impose désormais comme un acteur central du parcours de soins. Ses missions se diversifient et gagnent en technicité. Ce repositionnement, au cœur des enjeux de santé publique, reste pourtant encore peu valorisé, et nécessite un accompagnement spécifique. Comme le rappelle Lucile Manteau : « Il est important de pouvoir être mieux formé aux pathologies, aux arguments à avoir au comptoir, et de contribuer à faciliter parfois la coordination entre les professionnels de santé. »
Dans ce contexte, les agences de communication santé ont un rôle stratégique à jouer pour soutenir cette évolution et répondre aux besoins d’information, de pédagogie et de valorisation. « Il y a des enjeux croissants de notre côté avec l’industrie pharmaceutique, c’est là où notre rôle est amené à grandir et à s’accentuer ces prochaines années. », souligne-t-elle encore.
Une communication ciblée, adaptée aux missions du pharmacien et respectueuse du cadre déontologique, devient ainsi un levier clé pour accompagner la transformation de la profession et renforcer sa reconnaissance auprès du grand public.
Le pharmacien d’officine en 2025 incarne une réponse concrète aux enjeux de santé publique, en matière de prévention, d’accompagnement thérapeutique et de lutte contre la désinformation. Son rôle est devenu incontournable, mais il doit encore être soutenu, notamment par des actions de communication ciblées et informatives.